Un article publié dans Le Télégramme par la rédaction, le 5 mai 2022 (source)
Un professeur de judo brestois a été condamné à un an de prison ferme, jeudi 5 mai, par le tribunal judiciaire de Brest, pour des faits de harcèlement sexuel et tentative d’agression sexuelle.
Sous les chefs de harcèlement sexuel et de tentative d’agression sexuelle commis à Brest de janvier 2015 à mars 2018, un homme de 74 ans était jugé, ce jeudi 5 mai, par le tribunal judiciaire de Brest. Professeur de judo renommé dans cette ville, ce dernier a contesté pendant près de quatre heures les reproches de cinq de ses jeunes apprenties.
« Il me voyait comme un objet sexuel »
« Tout est faux ! », répète à l’envi, pendant l’audience, le septuagénaire qui n’hésite pas à pointer « les adolescentes qui allument le professeur ». Reste qu’au-delà des plaignantes, d’autres élèves dénoncent sans concertation les mêmes faits : mains de leur entraîneur sur les fesses ou les hanches et autres attouchements… Voire une tentative d’agression sexuelle. Toutes dénoncent des propos déplacés comme la question « Quand tu fais l’amour avec ton copain, c’est bien ? » et des SMS équivoques « Je t’aime, je t’adore ». À la barre, une d’entre elles précise qu’« en grandissant, je sentais son regard changer sur moi, il me voyait comme un objet sexuel ». Une autre déplore que « la tape sur les fesses devienne vite du tripotage intime ». De concert, les jeunes sportives décrivent son modus operandi. « Il en profite, sur le ton de l’humour, pour nous toucher ». Le prévenu, qui nie en bloc, se contente de rétorquer : « Il y a toucher et toucher ».
« La parole se libère dans le monde du sport »
Cette contestation obstinée n’étonne guère le psychiatre qui retient que « s’il campe ainsi sur sa position, c’est qu’il s’estime victime d’une machination ». Les avocats des parties civiles s’emploient dès lors à démontrer le contraire, leurs clientes n’ayant aucunement ourdi un complot à son encontre. « La parole se libère dans le monde du sport », insistent-ils, regrettant néanmoins « le silence de la fédération du judo ». Le représentant du parquet prolonge aussitôt leurs propos pour rappeler que « le milieu du sport oblige pourtant une figure tutélaire qui donne l’exemple ». À l’endroit de celui qui a « perdu tout sens des convenances », le procureur requiert dix-huit mois d’emprisonnement assortis d’un sursis simple. Au terme de la plaidoirie de la défense qui soutient la thèse du complot, la juridiction condamne Jean-Claude Le Bihan à une peine de deux ans de prison, dont un avec sursis. Une interdiction de toute activité en contact avec les mineurs lui est également infligée.
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