Un article publié dans l'Obs en janvier 2021, par Emmanuelle Anizon (source)
Un an après les révélations de l’ex-championne de patinage artistique, Gilles Beyer, son ex-entraîneur, est mis en examen. Sarah Abitbol réagit en exclusivité auprès de « l’Obs ».
Il y a un an, les révélations de Sarah Abitbol dans « l’Obs » et dans son livre « Un si long silence » sur les violences sexuelles au sein du patinage provoquait une déflagration dans le monde du sport. Aujourd’hui, 8 janvier, Gilles Beyer, l’agresseur dénoncé par Sarah Abitbol, est mis en examen pour « agressions sexuelles » et « harcèlements sexuels » après les accusations provenant d’au moins six patineuses.
Jointe au téléphone à Miami, la patineuse se dit « soulagée que la justice convoque Gilles Beyer. Enfin ! ». La patineuse regrette :
« Je vois que les accusations retenues sont des “agressions” et du “harcèlement”. Moi, j’ai subi des viols. Mais c’est regrettable, ces faits sont prescrits. Je sais qu’une autre patineuse a témoigné auprès de la police, avoir été violée par le même agresseur. Mais pour elle aussi, les faits sont prescrits. Je trouve injuste que nous ne puissions pas être sur le banc des victimes, face à la justice. J’espère que d’autres victimes, non prescrites, sortiront de leur silence. Cette affaire pose encore une fois la question de la prescription des crimes sexuels contre les mineurs. C’est mon combat aujourd’hui. »
Les révélations de Sarah Abitbol avaient provoqué la démission du président de la Fédération française des sports de glace (FFSG) en février 2020, et une enquête diligentée par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu auprès de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Cette enquête a mis en évidence des soupçons pesant sur 21 entraîneurs. À la suite de ce rapport accablant, le parquet de Paris a ouvert une nouvelle enquête pour « viols » et « agressions sexuelles » par personne ayant autorité sur mineur. Selon le ministère des sports, depuis un an, 80 fédérations ont fait l’objet d’un signalement. Plusieurs sont aujourd’hui sous le coup d’enquêtes.
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