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TRIBUNE

« Dans le sport aussi, il est plus que temps que la honte change de camp »…

Dans une tribune publiée dans Le Monde par Amélie Oudéa-Castera, Ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques , le 12 octobre 2022, on pouvait lire ces propos de notre ministre des sport.

Comme cela ne va pas se faire tout seul, nous avons décidé d”y contribuer en publiant cette tribune. Nous sommes les 25 premiers signataires et nous proposons à tous ceux qui pensent qu’il est temps d’être courageux, de se lever pour signifier clairement que les faits de violences, mêmes très anciens, doivent être reconnus et que les victimes doivent être respectées.

Les dirigeants du passé ne nous font plus peur, et comme le dit Marie Georges Buffet dans son rapport, certains ne sont plus capables de s’adapter pas aux enjeux et aux évolutions de notre société.

Vous pouvez nous soutenir en ajoutant votre commentaire. Vous pouvez bien sûr aussi nous rejoindre dans cet engagement:  www.artemis-sport.org

Monsieur Jean-Luc Rougé,

Nous venons d’apprendre votre nomination au grade de 10eme dan par la Fédération Internationale de Judo.

Vous avez certes, beaucoup œuvré pour le judo français ainsi que pour le judo au niveau international, cependant le moment de cette nomination nous semble peu opportun.

En effet, le 19 octobre dernier vous vous êtes présenté devant la commission d’enquête parlementaire indépendante pour être auditionné à propos des dérives et des dysfonctionnements du monde sportif. Vous vous êtes présenté à cette audition sans l’avoir préparée, c’est du moins ce que vous avez dit à la présidente de la commission parlementaire, madame Bellamy et à la rapporteure, madame Sebaihi.

De nombreuses questions vous ont été posées à propos d’affaires de violences au judo pendant la période où vous étiez directeur général puis président, auxquelles nous considérons que vous n’avez pas apporté de réponses claires ni satisfaisantes. Vous avez dit que vous n’aviez pas pris la peine de regarder les auditions précédentes alors que certaines concernaient la période de votre présidence. Pas un mot de compassion, pas le moindre regret ne sont sortis de votre bouche. Alors que vous aviez une occasion de vous excuser au nom de la FFJDA que vous avez administrée pendant plusieurs décennies, vous avez seulement essayé de vous justifier et de légitimer votre posture qui aux yeux de l’immense majorité des gens qui ont visionné votre audition, est apparue comme une imposture, une supercherie, voire une comédie.

Des députés membres de la commission d’enquête indépendante ont dit qu’ils avaient trouvé vos propos lunaires ! Il faut que vous sachiez que la plupart des victimes et des témoins qui vous ont écouté ce jour-là se sont sentis insultés et méprisés par vous. Votre comportement si peu exemplaire à nos yeux, transmet un message désastreux à tout le monde du sport et à la communauté des judokas en particulier. Il semble nous indiquer que tous ces faits de violences transmis au ministère des sports et parfois aux parquets ne sont rien à vos yeux, et que comme par le passé, on ne fera rien de plus.

Vous semblez continuez d’ignorer le fait de société que représente la lutte contre toutes les formes de violences et qui nous concerne tous.

Nous considérons que les victimes de violences ainsi que les gens qui les ont aidées (les témoins, les proches et les lanceurs d’alertes) doivent être respectés ainsi que le récit dont ils sont porteurs. Ce n’est pas en niant la réalité comme vous semblez vouloir le faire que nous pourrons tous ensemble faire une prise de conscience de ces fléaux qui traversent notre société.

Avez-vous réfléchi à ce que vont ressentir les victimes si vous acceptez cette nomination au grade de 10ème dan (le plus haut grade actuellement décerné dans le monde du judo) ? Encore une fois, le moment de cette nomination nous interroge quant aux valeurs du judo, du sport et de notre société en général.

 

Il n’y a pas de fatalité et nous viendrons à bout de ces fléaux à condition que chacun fasse sa part.

Monsieur Rougé, pourquoi ne pas réfléchir encore, et peut-être prendre le temps de vous adresser d’abord aux victimes, comme a su le faire monsieur Stéphane Nomis lors de son audition ?

Pourquoi ne pas prendre le temps de tirer les leçons du passé, en participant sérieusement à un audit des dysfonctionnements comme vous le proposait la commission d’enquête parlementaire ?

Ou encore, vous engager concrètement, dans quelques actions pour soutenir et aider celles et ceux qui luttent pour se reconstruire, après de terribles malheurs commis dans le giron de la fédération et dont vous avez bien connaissances aujourd’hui.

Nous sommes sûrs qu’un dirigeant de votre expérience mesure la dimension symbolique de ce choix. C’est pourquoi nous nous permettons de vous le suggérer en publiant cette tribune !

 

Le collectif des victimes, des témoins et des soutiens avec l’association ARTEMIS SPORT

Myriam Wendling, ex CTN FF Gymnastique, parent de victime

Hector Marino, Professeur de judo et artiste peintre, ex entraîneur du Pôle France Judo de Marseille, témoin et lanceur d'alerte

Hervé Gianesello, Professeur de judo, professeur des STAPS, témoin et lanceur d'alerte

Vanessa Angeloni, ex athlète judo, victime et témoin de violences sur mineurs

Yann Leroux, Professeur et Directeur technique du judo club de Thouars (44), témoin et lanceur d'alerte

Morgane Cardin, CTN Basket-Ball adapté, témoin et lanceur d'alerte

Morgane Bourhis, responsable associative, membre du CA d'Amnesty International France

Karine Repérant, psychologue du sport, co-autrice du livre "Le revers de nos médailles"

Jean-François Robin, INSEP - Chargé de l’animation du Réseau National Accompagnateurs Scientifiques de la Performance

Marie-Laurence Urvoy, victime et témoin de violences au judo, athlète de haut niveau FootBall américain

Violette Vey, Professeur de judo, témoin et lanceur d'alerte au sujet de violences sur mineures au judo

Alix Nédélec, Professeur de judo, soutien de notre association

Franck Fileri, Directeur technique d'un club de judo, ex membre de commission sportive, témoin et lanceur d'alerte

Benoît Hamon, infirmier, ex victime et témoin  de violence sur mineurs au judo

Alexandre VEL, ex victime et témoin  de violence sur mineurs au judo

Régis Manipal, ex policier, Professeur de judo, témoin et lanceur d'alerte

Valérie Bazin, Professeur des STAPS de Toulouse et Montpellier, témoin et lanceur d'alerte

Benoit Pigeon, membre de l'association Artemis Sport, parent de jeunes sportifs(ves) de haut niveau (Basket Ball)

Jean-Luc Jego, retraité, parent de victime de violences, mineure au moment des faits

Jacques Salzer, Judoka, soutien et membre actif de notre association

Thierry Grimaud, 6ème dan, professeur de judo, ex athlète de haut niveau, ex victime et témoin des violences au judo

Jean-Pierre Huang, professeur de judo, témoin et accompagnant de victimes de violences au judo

Gilles-Michel Saint Aignan, ex membre du comité directeur de la Fédération Française de Judo (1992 - 2000)

Julien Vecchione, préparateur physique, podcast secret d'entraîneurs

Yves. GLOTIN, professeur de judo

Franck Bellard, ex international de. Judo, CTS 

Olivier Floiras

Nicolas Chansseaume, professeur de judo

Arnaud Gendre, professeur de judo

Depuis les révélations il y a deux ans, de l’ex-championne de patinage, Sarah ABITBOL, la plupart des sports et des fédérations qui les administrent ont été concernées par le fléau de violences de toutes natures.

 

Depuis 18 mois environ, avec un groupe de judokas, de professeurs, d’anciens entraineurs, d’anciens athlètes nous avons recueilli une trentaine de signalements / témoignages, concernant 5 à 6 régions différentes. 25 de ces 30 entretiens (plus de 100 heures d’entretiens) ont été envoyés aux autorités compétentes. Nous sommes également en contact régulier avec le Ministère, les inspecteurs, des avocats, des hommes et femmes politiques (députés engagés dans les commissions parlementaires éducation, sport, protection des mineurs, lutte contre les violences…).

La lourdeur et les difficultés pour accomplir ces tâches nous ont conduit à créer une association d’anciennes victimes et de lanceurs d’alertes : ARTÉMIS SPORT

 

Depuis, de très nombreuses victimes ont eu le courage de parler, ce qui correspond aux objectifs prioritaires que nous nous sommes fixés :

1/ l’identification des victimes et la reconnaissance des faits,

2/ l’accompagnement pour libérer la parole des victimes et des témoins, 

3/ la nécessité d’analyser ces faits pour ne pas reproduire les erreurs du passé et pour grandir

Nous contribuons ainsi au travail qui permettra de rétablir la vérité : les récits qui émergent des témoignages dévoilent une vérité bien différente de ce que l’on a pu entendre ou lire par le passe !

Chacun peut contribuer a la recherche de la vérité : anciens champions et championnes, entraineurs, cadres techniques, professeurs et bénévoles, dirigeants.

Nous sommes tous concernés par ces violences car elles ont bouleversé et parfois brisé le projet sportif et le projet de vie de vie de nombreux jeunes judokas qui avaient entre 14 et 17/18 ans a l’époque des fait. 

Un très grands nombre de faits de violences semblent avoir eu lieu entre 1999 et 2010.

 

Les cadres techniques des fédérations, notamment ceux qui agissent au niveau local, les éducateurs sportifs sont souvent à la croisée des informations. Eux aussi ont un rôle très important à jouer si nous voulons aider les fédérations à se transformer et à repartir dans la bonne direction, avec enthousiasme. 

Avoir le courage de faire ce qui est juste, dans ce cas précis, n’est-ce pas tout simplement de rejoindre ceux qui ont le courage de parler, de raconter ce qu’il s’est réellement passé ? 

 

Pour que nous faisions tous ensemble une prise de conscience, il faut que chacun fasse sa part. 

Mais désormais, nous le savons, la vérité sera établie, elle va trouver son chemin.

 

ARTEMIS SPORT

 

Adhérez à Artémis Sport pour 2 euros symboliques

N'hésitez pas à nous contacter : contact@artemis-sport.org

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