Un entretien diffusé par RTL en novembre 2020 (source)
Après le patinage, le roller, la natation et le tennis notamment, c'est au tour du judo d'être secoué depuis quelques semaines par des révélations d'abus sexuels. Cette semaine, la Fédération a annoncé avoir recensé de nouveaux cas et s'est engagée à accompagner les victimes pour éradiquer ce fléau et tout prédateur du judo.
Parmi les jeunes filles qui ont dénoncé des abus dont elles ont été victimes, il y a Marie. Cette dernière a accepté de témoigner pour RTL, mais a demandé à ce que sa voix soit modifiée. Elle a 18 ans et se trouve en terminale quand, au cours d'un stage régional de judo en 2001, un entraîneur s'introduit un soir dans son lit. Il ne la touchera pas, mais le mal est fait.
"C'est un entraîneur qui avait 11 ans de plus que moi, précise-t-elle. Je pense qu'en aucun cas il devait s'introduire dans mon lit. Des fois, je fais le parallèle, je me dis si c'était un voyage scolaire et qu'un professeur de mathématiques s'introduisait dans le lit d'un élève, qu'il ait 18 ans et demi ou pas, j'espère qu'il y aurait des sanctions et que tout le monde trouverait ça choquant".
Suspendue 10 jours puis exclue pour avoir parlé
Quand elle dénonce les faits un an et demi plus tard, Marie est d'abord suspendue 10 jours de son pôle d'entraînement, avant d'en être exclue à la fin de l'année. Son entraîneur, à qui elle s'est confié, reçoit pour sa part un blâme pour diffamation. Quant au prédateur qui s'est introduit dans son lit, il lui est juste signifié qu'il doit mieux organiser le logement des stagiaires à l'avenir.
Autant dire que 19 ans plus tard, Marie est toujours en colère. "Quand j'entends que la Fédération me remercie d'avoir brisé le silence... Moi, le silence, je l'ai brisé il y a 18 ans, et l'entraîneur n'a jamais été sanctionné. Ça a eu pour conséquence de me faire arrêter ma carrière, qui j'espérais, aurait pu être de haut niveau".
Depuis quelques mois, Marie est entrée en contact avec d'autres judokates qui ont subi des violences de la part d'entraîneurs, qui les ont, elles, malheureusement abusées sexuellement. Si elle s'exprime aujourd'hui c'est parce qu'elle espère que son témoignage va permettre à ces femmes de libérer leur parole.
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